CinéZone | Léonide Moguy - Intrigue à Damas (1944)


Discrète avant que l'attaque de Pearl Abor pousse les Etats-Unis à entre en guerre, la propagande antinazie bat son plein entre 1942 et 1945, voyant Hollywood usiner des films patriotiques à tour de bras, aidé par un talentueux bataillon d'immigrés européens (Douglas Sirk, Billy Wilder...). A l'ombre des classiques du genre tels Les bourreaux meurent aussi de Fritz Lang ou le mythique Casablanca de Michael Curtiz fleurissent nombre de petites bobines moins ambitieuses mais tout aussi engagées. Certaines sont signées par de grands metteurs en scène comme Intrigues en Orient ou Sabotage à Berlin de Raoul Walsh, d'autres sont plus modestes. C'est le cas de Intrigue à Damas que l'on doit à Léonide Moguy qui, comme d'autres a sillonné l'ancien et le nouveau continent au gré de l'avancé des périls totalitaires. Russe d'origine, il s'installe en France dans les années 30 avant de rejoindre les Etats-Unis où il participe à l'entreprise de propagande. Situé en Syrie alors sous mandat Français depuis 1920, Action In Arabia évoque évidemment Casablanca, la réussite, la force et la richesse des personnages en moins mais aves les personnages louches qui semblent avoir échoué dans un Orient convoité par les deux camps pour son importance stratégique. 


Journaliste américain et agents secrets tentent d'empêcher le soulèvement de tribus arabes encouragées par les Nazis pour faire diversion à une attaque allemande du canal de Suez. Le sujet peut paraitre farfelu mais ne l'est en vérité pas tant que cela car le canal de Suez fut effectivement au centre d'enjeux entre les alliés et les puissances de l'Axe de même que les peuples arabes qui eurent à choisir leur camp. Série B efficacement menée qui remplit ses soixante-quinze petites minutes de suspense et de péripéties, le film doit cependant quand même beaucoup de son petit charme à George Sanders, toute en onctueuse distinction. Comme à son habitude, l'acteur ne semble guère concerné, récitant son texte avec sa voix reconnaissable entre mille capable de faire mouiller toutes les femmes. Pourtant sans donc jamais en faire de trop, il bouffe l'écran, écrase le reste de la distribution (à part Gene Lockhart, exquis), matois et cajoleur. Admettons que sans lui, Intrigue à Damas n'aurait pas la même saveur et ce, nonobstant une conduite raisonnablement nerveuse en digne série B à laquelle fait par ailleurs défaut des actrices plus enthousiasmantes que Virginia Bruce ou Lenore Aubert. Mineur mais illustration sympathique de la propagande antinazie moulinée par Hollywood. (15.08.2022) ⍖⍖


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